Sécurité et durée de vie de vos flexibles

C’est la Directive Européenne 2006/42/CE du 17 mai 2006 (modifiant la Directive Européenne 98/37/CE en vigueur depuis 1997) qui regroupe et formalise les exigences de sécurité applicables aux machines (quel que soit le type de machine, et quelle que soit l’énergie mise en œuvre). Dans le domaine particulier de l’hydraulique, la directive demande de « prévenir tous les risques pouvant provenir de ce type d’énergie ». Ce texte a été transposé en droit français par le décret 2008-1156 du 7 novembre 2008.

La directive elle-même ne détaille pas les dites précautions (il s’agit d’une directive de type « nouvelle approche » qui se contente d’énoncer des « exigences essentielles »), mais elle renvoie de façon explicite à la Norme EN982 par le biais d’une liste précise de normes dites « Harmonisée » (ce qui signifie « qui donnent présomption de conformité ») pour le détail des éléments à prendre en considération.

L’EN982 traite spécifiquement de sécurité dans le domaine de l’hydraulique, et c’est donc très logiquement que la directive européenne 2006/42/CE considère que le respect de la norme EN982 donne présomption de conformité pour la mise en œuvre de ces « exigences essentielles de sécurité » conditionnant le marquage « CE ».

Au niveau des opérations de maintenance, l’article R233-1-1 du code du travail stipule que « Les équipements de travail et moyens de protection (…) doivent être maintenus en état de conformité avec les règles techniques de conception et de construction applicables lors de leur mise en service dans l’établissement »

En ce qui concerne les circuits hydrauliques et les flexibles, l’EN982 demande de respecter quelques règles dans 6 domaines précis :

1. Remplacement d'un flexible

L’EN982 impose de n’utiliser que des tuyaux neufs pour la mise en œuvre de flexibles hydrauliques et n’autorise donc ni les réparations, ni les modifications de flexibles existants.

De toute façon, le contact prolongé d’un tuyau avec de l’huile hydraulique à haute température va modifier les caractéristiques physiques du caoutchouc après quelques semaines, et les informations de sertissage déterminées pour des matériaux neufs ne seront plus applicables. Il faut aussi tenir compte du fait qu’un flexible percé est souvent le fait d’un tuyau usé, et qu’une rupture devrait être un signal évident et fort qu’il est temps (voire déjà trop tard) de remplacer l’ensemble du flexible, sans essayer de le réparer.

 

2. Assemblages validés

La norme EN982 exige l’utilisation de flexibles qui doivent remplir toutes les exigences de performance des normes nationales ou internationales appropriées.

Les normes européennes sur les flexibles EN (853 à 856) exigent un assemblage selon des méthodes dont la conformité aura été validée pour tous les essais décrits.

Les normes SAE J517 (100R1 à 100R17) posent comme principe de base la non-compatibilité entre les tuyaux, les embouts et les machines de différents fournisseurs, et engagent la responsabilité de l’assembleur pour ce qui est de se conformer aux instructions écrites des fabricants dans le domaine des méthodes d’assemblage ou de l’équipement de sertissage.

Une méthode d’assemblage ne peut être validée que lorsqu’elle est décrite (écrite) de façon précise et détaillée, qu’elle est reproductible et facilement contrôlable (équipement – mise en œuvre – contrôle)

Selon ces exigences il n’est pas possible de déterminer des cotes de sertissage valides pour des embouts ré- utilisés (re-sertis ou vissés / « récupérables »), puisque ces pièces ont déjà subit une déformation matérielle irréversible, et qu’une nouvelle mise en œuvre deviendrait par trop hasardeuse (risque de fuite ou d’éjection à la cote de sertissage originale, risque d’écrasement, d’obturation ou de rupture à une cote inférieure, sans même tenir compte de l’effort supplémentaire imposé au caoutchouc par un sur-sertissage éventuel).

Ces exigences de performance conduisent ensuite à une limitation technologique des produits « normalisés », puisqu’ils ne pourront prétendre qu’à des « performances normalisées », bien inférieures aux exigences actuelles des constructeurs, et souvent insuffisantes en regard des applications hydrauliques modernes. Un fabricant d’embout qui donnerait une information d’assemblage de ses produits sur un tuyau «normalisé» 100R2, 100R16 ou 100R19 ne pourrait pas justifier le dépassement des 200.000 cycles

Meyzieu – Décembre 2007 Préparé par le Service Application Securité des Flexibles – 2009.doc 1/2

d’impulsions à 133% d’une pression de service normalisée (24.1 MPa en module 8 pour la 100R2). Un constructeur intégré tel que Gates peut vous proposer pour des produits de la même famille (2 tresses acier) des durées de vie de l’ordre de 600.000 cycles d’impulsions à 133% d’une pression souvent supérieure à celles données par la norme (jusqu’à 35.0 MPa en module 8).

3. Longévité

Pour ce qui est du stockage et de la durée de vie des tuyaux et des flexibles, la norme EN982 impose de respecter les recommandations du fabricant. Dans ce domaine, les recommandations de Gates sont basées sur la Norme Britannique BS 5244.

Ces recommandations visent à prendre en compte le vieillissement naturel du caoutchouc, (dans les meilleures conditions de stockage possibles). Des tests sont imposés au-delà d’une certaine durée, afin de valider les bonnes conditions de stockage des tuyaux, et les caractéristiques fonctionnelles des flexibles constitués.

L’EN982 demande également de prendre en considération la possibilité de donner des préconisations pour une « Durée de Service » des flexibles. Compte tenu de la difficulté à déterminer une durée théorique de fonctionnement, car cette durée dépend d’un trop grand nombre de facteurs, et peut même varier grandement entre 2 machines identiques suivant leurs conditions d’utilisation, Gates recommande de fixer par défaut une durée de service de 5 ans comme un maximum à ne jamais dépasser, et de se baser sur une connaissance de l’application pour fixer, aussi souvent que nécessaire, des durées de service plus courtes. 

La valeur de 5 ans est donnée par la norme BS 5244 comme la date de remplacement des flexibles d’une machine neuve, entreposée, et n’ayant jamais été utilisée. Il paraît donc parfaitement logique et raisonnable de ne pas demander à des flexibles en fonctionnement d’avoir une durée de vie supérieure à celle de flexibles au repos.

Pour respecter ces préconisations, le meilleur moyen est de mettre en place une politique de maintenance préventive, basée sur des inspections régulières et des remplacements périodiques.

4. Identification

Le marquage des flexibles fait partie des exigences de l’EN982. Les informations minimales à porter sur un flexibles sont la pression de service, la date d’assemblage et l’identification de l’assembleur.

Une identification (référence) du flexible est également exigée pour les cas ou un démontage de la machine est envisageable.

La date de mise en service est utile pour contrôler les durées de stockage et de service des flexibles. Elle peut aussi servir de date de départ d’une garantie. Pour les assureurs, elle est la preuve que la pièce peut faire l’objet d’un suivi du point de vue de la maintenance. A l’inverse son absence (spécialement en cas d’incident ou de blessure) peut être interprétée comme un défaut ou un manquement grave aux obligations de maintenance des machines de la part de l’utilisateur, puisqu’il n’est pas possible de déterminer quand le flexible a été installé.

L’identification des pièces, ainsi que l’enregistrement systématique des composants nécessaires à la fabrication des références concernées et des dates de fabrication est une aide précieuse aux programmes de maintenance, en permettant la préparation anticipée des flexibles arrivant au terme de la durée de vie initialement préconisée.

 

5. Installation

L’EN982 requiert des routages et une installation visant à limiter les contraintes de traction, de flexion,d’abrasion et de torsion sur les flexibles.

6. Sécurité

L’EN982 demande aussi de prévoir des protections en fonction des risques existants : Fixer ou protéger le flexible en cas de risque de fouettement. Protéger le flexible en cas de risque de projection d’huile. Lorsque les 2 risques coexistent, seule une protection (carter / paroi / blindage) pourra être pleinement efficace. Il va de soi que ces risques ne sont à prendre en considération qu’en présence de personnels à proximité des flexibles sous pression. 

La meilleure protection des opérateurs consiste le plus souvent à ne pas se trouver au voisinage des flexibles. Pour prendre en compte les risques liés au circuit hydraulique, bien sûr, mais aussi très souvent et très simplement pour prévenir les risques mécaniques liés à la présence de machines en fonctionnement et en mouvement.